Appel à communicationsLe Paysage, dans son acception la plus large, ne dispose pas en évidence d’une suite cohérente, mais il a souvent la particularité d’exposer aussi bien des ruptures que des continuités. Ces coupures et liaisons sont tout aussi polymorphes que le paysage lui-même. Elles dépendent de l’objet en tant que matérialité biophysique et écosystèmes qui varient en fonction des conditions environnementales, et relèvent aussi du sujet dans ses déclinaisons sociales, culturelles ou politiques. Le paysage ne peut s’affranchir du contexte territorial dans lequel il s’inscrit, du territoire aménagé et traversé par une épaisseur historique. Ce paysage construit socialement évolue en fonction, soit des pratiques sociales très fortement marquées par la mondialisation, soit des projets exécutés qui renouvellent les manières de penser et de gérer les territoires. Les discontinuités dans le paysage peuvent s’exprimer par un déséquilibre entre les niveaux spatial, géographique, historique, écologique, économique, parfois même comportemental. Selon le dictionnaire Le Robert, la rupture est définie comme une « coupure, déchirure d’une chose souple » ou encore une « interruption qui affecte brutalement dans sa continuité la permanence d’un phénomène ». Dans ce contexte, cela peut être une intrusion dans l’existant et qui en détruit l’harmonie. En croisant les approches des aménageurs, des architectes, des paysagistes et des géographes, etc., ce colloque a pour ambition d’interroger le paysage par le prisme de ses ruptures et de ses continuités. Soumis à des phénomènes de discontinuité (environnementale, écologique, économique, …), les paysages peuvent bien s’y adapter comme ils pourraient s’y montrer flexibles. Quelles sont les formes de flexibilités qui peuvent émerger dans de telles situations ? Quatre entrées seront particulièrement privilégiées : Le paysage et le projet Un projet de paysage naît de la rencontre avec un concepteur et des acteurs qui interagissent dans la production d’une œuvre collective. Le projet de paysage est souvent conçu à partir de croisements de différents facteurs qui varient entre intentions, besoins et attentes, soit parallèles, soit contradictoires. Il tente d’articuler l’acteur local qui cherche à confirmer son emprise sur le terrain, au concepteur qui est souvent influencé par des tendances exprimées par les usagers qui réclament un lieu de vie meilleur. Dans cet axe, la réflexion portera sur les relations entre l’idée et le projet, le projet et le chantier. Quelles ruptures et quelles continuités entre l’intention politique et le projet, entre le projet de paysage ou d’aménagement à la réalisation concrète ? Quelles bifurcations, quelles adaptations et quels forçages ? Le paysage et la transformation de l’espace En transformant l’espace, la rupture peut être géographique et provoquer des cassures et des discontinuités paysagères marquantes dont les traces vont encore visibles dans l’espace. On pense ici aux stigmates de la guerre, aux aménagements qui modifient radicalement les paysages (carrières, culture intensive, plantations et coupes rases en forêt), aux actions portant atteinte à un ordre établi. Quelles ruptures et quelles continuités entre les trames paysagères des espaces bâtis et non bâtis ? Quelles trames et fragmentations paysagères dans le contexte de la recomposition spatiale des territoires et des enjeux socio-écologiques liés au changement global ? Quelles politiques publiques paysagères face à ces ruptures et continuités ? Les perspectives liées à l’aménagement des territoires du 21e siècle sont multiples. L’urbanisation des villes, la recherche de nouvelles ressources, la réclamation des espaces publics privatisés liée aux conflits ethniques et confessionnels, conduisent à de nouveaux phénomènes de rupture dans le paysage social et spatial. Les Outils du paysage Diverses démarches de paysage peuvent être engagées pour construire des projets de paysage. En fonction des attentes des acteurs, différents outils sont mobilisables selon une volonté de mieux connaître le paysage ; de s’engager dans l’action pour planifier et conseiller ; sensibiliser et engager les acteurs du territoire. Les outils permettent de tester différents projets d’aménagement ou de gestion d’un espace, voire de communiquer sur un projet plus avancé. Ils s’appuient sur des représentations spatiales qui permettent de déceler des ruptures ou des continuités paysagères, des changements ou des invariants. Une grande variété d’outils (carte rationnelle ou sensible, atlas, dessin, photographie au sol ou aérienne, image satellite, œuvre d’art, etc.) participe à la construction d’une pensée paysagère complexe et d’un savoir qui s’enrichit par l’action. Il s’agit ici de questionner l’apport et/ou la pertinence de ces outils pour analyser les ruptures et les continuités paysagères. Les usagers dans le paysage Dans cette section, il s’agit de questionner les acteurs/consommateurs du paysage dans leur relation avec le territoire. En effet, les continuités et discontinuités touchent les interactions entre le paysage et les usagers. Nous pensons ici aux continuités / ruptures socio-spatiales dans le paysage ; rupture et continuité de la matérialisation du multiconfessionalisme dans le paysage. Il pourra être question ici de justice spatiale et sociale. Les usagers du (ou dans le) paysage sont à la fois citadins, touristes, et acteurs sensibles du paysage. Ils inventent un paysage qui devient sensible et vecteur d’une émotion. Cette sensibilité peut être comprise et partagée, incomprise et rejetée. En revendiquant des droits et des usages, les usagers fabriquent des paysages territorialisés et développent des pratiques qui éclairent les formes d’appropriation des espaces en mutation.
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